Tribut to Daido, Anders and Jacob

I walk through photography as one ventures into an unfamiliar city—without a map, without a plan, just with the desire to get lost and see what emerges. Three names accompany me, like beacons in the fog: Daido Moriyama, Jacob Aue Sobol, and Anders Petersen. They don’t guide me exactly, but their shadows drift through my work, pushing me to go further, always deeper.

Moriyama was the first slap in the face. His grainy, brutal images hit me like a black rainstorm. Through him, I understood that I needed to let go, to abandon the idea of the perfect shot. I began wandering cities with a camera in hand, searching for chaos, for accidents, for a poetry that scratches and unsettles. The grain, the imperfection—that’s where the truth lies. Moriyama taught me not to fear what scars.

Sobol showed me something different: proximity. An intensity so close it’s almost suffocating, a breath you can feel on the back of your neck. Through him, I learned to get closer, to step into the intimacy of my subjects, to capture raw, unfiltered emotion. His images reminded me that photography is, above all, an encounter—a shared moment where anything can happen. In my most personal series, I strive for that vibration, that unvarnished sincerity.

And then there’s Petersen. Anders is the poet of the margins, the one who sees beauty where others look away. He taught me to slow down, not to turn away from what seems fragile, unsteady, or lost. His images speak to me of tenderness, of a battered yet dignified humanity. I find this spirit in projects like Leaving Home or Twelve Hours, where I look for those moments of suspension—between day and night, between loss and hope.

Moriyama, Sobol, Petersen… They are not models to follow. They are voices in the wind, signposts in my own journey. They gave me the courage to dive in, but it’s up to me to carve my own path—alone, with my doubts, my wounds, and my vision.

If I had to give one piece of advice to a young photographer, it would be this: don’t try to imitate them. Look at their work, understand why it moves you, and then forget them. Go and find what burns inside you, what obsesses you, what keeps you awake at night. That’s where the image is—in that chaos, and nowhere else.


Je marche dans la photographie comme on s’aventure dans une ville étrangère, sans carte, sans plan, juste avec l’envie de me perdre et de voir ce qui surgit. Trois noms m’accompagnent, comme des éclaireurs dans la brume : Daido Moriyama, Jacob Aue Sobol et Anders Petersen. Ils ne me guident pas vraiment, mais leurs ombres flottent dans mon travail, m’incitant à aller plus loin, toujours plus profond.

Moriyama a été la première claque. Ses images granuleuses, brutales, me sont tombées dessus comme une pluie noire. Avec lui, j’ai compris qu’il fallait lâcher prise, abandonner l’idée d’une image parfaite. Je me suis mis à errer dans les villes, l’appareil en main, en quête de chaos, d’accidents, d’une poésie qui griffe et dérange. Le grain, l’imperfection, c’est là que se trouve la vérité. Moriyama m’a appris à ne pas avoir peur de ce qui écorche.

Sobol, lui, m’a montré autre chose : la proximité. Une intensité presque oppressante, un souffle qu’on sent sur la nuque. Avec lui, j’ai appris à aller au contact, à entrer dans l’intimité de mes sujets, à capter l’émotion à nu, sans artifice. Ses images m’ont rappelé que la photographie, c’est avant tout une rencontre, un moment partagé où tout peut basculer. Dans mes séries les plus personnelles, je cherche cette vibration, cette sincérité crue.

Et puis, il y a Petersen. Anders, c’est le poète des marges, celui qui voit la beauté là où tout le monde détourne le regard. Il m’a appris à ralentir, à ne pas fuir devant ce qui semble fragile, bancal, perdu. Ses images me parlent de tendresse, d’une humanité cabossée mais digne. Je retrouve cet esprit dans des projets comme Leaving Home ou Twelve Hours, où je cherche ces instants de suspension, entre le jour et la nuit, entre la perte et l’espoir.

Moriyama, Sobol, Petersen… Ils ne sont pas des modèles à suivre. Ce sont des voix dans le vent, des balises dans mon propre voyage. Ils m’ont donné le courage de m’engager, mais c’est à moi de tracer mon chemin, seul, avec mes doutes, mes blessures, et ma vision.

Si je devais donner un conseil à un jeune photographe, ce serait celui-ci : ne cherchez pas à les imiter. Regardez leur travail, comprenez pourquoi il vous touche, mais ensuite, oubliez-les. Allez chercher ce qui brûle en vous, ce qui vous obsède, ce qui vous réveille la nuit. C’est là que se trouve l’image, dans ce chaos-là, et nulle part ailleurs.

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